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Par un bel après midi d'été de l'année 2000, une dame d'un certain âge,. apporte au musée de la Résistance, une vieille machine à écrire. Elle la tend aux deux employées du musée. - Voici la machine dont se servait mon frère Pierre pendant les événements! dit-elle. Sa place se trouve désormais dans votre musée. - Mais de quel Pierre s'agit-il madame 2 demande une des employées. Oh excusez-moi! mais de Pierre Hazebrouck, le capitaine Hardy tué à Vassieux le 21 juillet 1944! Tout le monde connaît la bravoure du Capitaine Hardy, madame, notre régisseur sera heureux d'acquérir cette pièce. La discussion continue une dizaine de minutes, puis la dame s'en va, laissant l'objet au musée. Mais qui était ce capitaine Hardy? Lorrain d'origine, brillant saint-cyrien, le sous lieutenant Hazebrouek se retrouve en 1942 dans les troupes de "jeunesses et montagnes " et correspond régulièrement avec le sous lieutenant Point son ami. A travers cette correspondance, ce n'est qu'à demi mot que les deux hommes expriment leur besoin de régler leur compte avec l'Allemagne hitlérienne. Ils cherchent l'opportunité de rejoindre un maquis.. C'est le sous lieutenant Point originaire du Diois qui le premier montera au Vercors, en 1943.11 prendra ses premières fonctions de chef sous le pseudonyme de "Payot" au camp CS situé au Piarroux près de Vassieux. Peu de temps après Hazebrouck le rejoindra. Lors du bombardement du 13 juillet 1944 le lieutenant "Payot" mortellement atteint, par un éclat de bombe, décédera le lendemain matin à l'hôpital de St Martin en Vercors. Hazebrouck son adjoint prendra naturellement le commandement. Il deviendra responsable de la sécurité de la piste d'atterrissage de Vassieux (terrain taille-crayon). Son allant, son entrain, sa fougue, sa gentillesse et enfin sa compétence feront l'admiration de ses hommes. Comme une vaste houppelande sa réputation recouvrira tout le Vercors et le Diois. Le 21juillet 1944 face aux parachutistes allemands, avec ses hommes il se battra toute la journée dans les ruines de Vassieux, souvent au corps à corps. Submergé par le nombre d'assaillants il décidera en fin de journée de tenter de rejoindre les bois à l'ouest du village avec ses derniers hommes. Le 10 août 1944, Jean Veyer inspecteur d'académie, découvre le corps du capitaine Hardy. Voici ce qu'il écrit: 16 heures, j 'ai découvert le corps du capitaine Hardy. Le malheureux, blessé pendant la bataille, atteint d'un projectile à la cuisse qui avait sectionné l'artère fémorale, a tenté de filer dans le chemin à l'ouest du village. Vidé de son sang, il est tombé la face vers le ciel. La brute qui le poursuivait l'a achevé de deux balles de mitraillette, tirées à bout portant dans le sternum. Nos compagnons et moi nous regardons, les larmes aux yeux, ce qui reste de celui qui fut notre chef, qui fut un jeune homme plein de valeur et d'espérance. Une quinzaine de lignes plus loin Veyer écrit: Mais il y a eu des contre-attaques. L'une d'elles a obligé les allemands à fortifier quelques maisons. On a même l'impression qu'à un moment donné ils ont dû céder du terrain devant une offensive venu de l'est... Ce témoignage écrit est capital, car Veyer a découvert le corps du capitaine Hardy et explique très clairement la position et les blessures de celui-ci. Un autre témoignage, celui de Auguste Marcel 47 ans, qui caché dans une grotte au nord de Vassieux, pratiquement en dessous de l'actuel musée, s'est enfui de nuit. Il raconte qu'il n' a cesse de buter sur des cadavres alors qu'il se dirigeait à travers le chemin qui montait vers la ferme Béguin à l'ouest de Vassieux. Ce deuxième témoignage, bien qu'oral, corrobore avec celui de Veyer et indique que les derniers combats se sont déroulés àl'ouest de Vassieux et que les derniers maquisards combattants se sont fait exterminer en voulant rejoindre la forêt au pied des gagères. oe certains auteurs qui se disent historiens ont mal lu ou entendu Veyer et fixent l'heure de la mort du capitaine Hardy à 16 heures, lardé de coups de baïonnette en voulant contre-attaquer. N' importe quel soldat de métier, ou homme sensé, comprendra que le capitaine Hardy a voulu avec ses derniers hommes trouver refuge dans les bois les plus proches, mais la puissance de feu allemande les Ca a empêché. Quant aux contre-attaques à l'est, comme le cite Veyer, elles ne commencèrent en réalité que le lendemain de l'assaut allemand, par les hommes de Cathala, le commando américain et six chasseurs de Chabal sous les ordres du sergent Rey. Parfois la légende prend le pas sur l'histoire, surtout lorsqu'elle apporte un caractère embellissant. Alors laissons la légende recouvrir l'histoire comme des racines de lierres recouvrent un tombeau. Dans le cas présent Si le lecteur ne connaît que la légende, il se posera certainement la question : "mais pourquoi le capitaine Hardy n'a-t-il pas essayé de regagner les bois ? pourquoi va-t-il se "kamikazer". Notre Héros passera alors pour un homme qui manquait de jugeote, ce qui n'est bien sûr pas le cas. L'histoire doit alors reprendre son droit sur la légende. Quoiqu'il en soit, le Capitaine Hardy entré dans l'histoire ce 21juillet1944, a pénétré avec ses hommes, dans une légende qui parfume indéfiniment l'air de Vassieux, d'indescriptibles et étranges arômes teintés d'émotions, qui imprègnent le visiteur et lui apportent un besoin de respect et de sérénité.
Bernard COLLIAT
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