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Mesdames et Messieurs les autorités civiles, religieuses et militaires, Messieurs les membres de la Légion d'Honneur, Messieurs les Présidents des Résistants, Déportés et Anciens Combattants, Messieurs les porte-drapeaux, Mesdames et Messieurs et si vous me le permettez, Chers Amis.
Au nom de l'Association des Amis du Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors dont je suis le Président, j'ai l'honneur de vous remercier de par votre présence sur ce lieu historique dans le but de perpétuer le souvenir de ceux qui sont tombés ici le 27 juillet 1944. Je ne citerai pas les faits de cette tragédie, vous les connaissez. Pourquoi commémorons-nous ? Pour rendre hommage, par habitude.
Tout cela est vrai, mais bien plus que tout cela, nous manifestons notre volonté de rester des acteurs actifs, très actifs de notre société. Une société où le respect de l'homme, de sa grandeur, de sa dignité, doit être préservé, développé. Quel que soit le problème, quelle que soit l'intensité des questions, quels que soient les personnages, quel que soit le lieu, quelle que soit l'époque, le vrai combat, le combat juste demeure toujours celui qui veut que l'homme soit libre et digne. Tout le reste est futile.
En 1945, le 8 mai, une lutte sans précédent s'est achevée. Elle a consacré la victoire du bien sur le mal. Le mal en l'occurrence était représenté par la plus gigantesque tentative de négation de l'individu qui ait jamais existé dans l'histoire du monde.
Ce lieu où nous nous trouvons aujourd'hui évoque le souvenir de ces millions de voix qui crient dans nos têtes. Ces voix qui ont payé de ce qu'elles avaient de plus précieux, leurs vies, pour que l'homme continue d'être l'homme. Ainsi, d'une manière plus modeste, mais indispensable, nous œuvrons chacun à notre manière, dans notre domaine, pour donner un sens à l'existence de l'individu. Ce combat est noble. C'est le seul véritable combat. Pour le mener nous pouvons puiser dans le souvenir, dans l'histoire, les trois armes qu'utilisent les résistants. Ces trois armes ne les quittaient pas, ne devaient pas les quitter. Tout était possible avec elles.
La première d'entre elles est l'ESPOIR. L'espoir lorsqu'il irrigue nos artères permet quand tout semble perdu de retrouver des forces. L'horreur de la déportation, l'atmosphère indescriptible des camps ne pourra jamais être soulignée totalement, tant elle est intense. Les nazis en humiliant chacun voulaient tuer l'espoir. Mais ce sentiment a sûrement permis à des hommes et des femmes de survivre. Oui l'espoir devait véritablement constituer une arme redoutable pour celui qui croyait au ciel comme celui qui n'y croyait pas.
La deuxième arme est la PASSION, elle rendait fou, aveugle. Je pense moi, qu'elle décuple les forces. La passion pour le République, pour la justice, habitait ceux qui voulaient que la France soit de nouveau la France. Terre des droits de l'homme, sans espoir, sans passion, l'homme serait un ruminant malheureux. Dans cette action quotidienne, que nous entreprendrons, nous penserons à ceux qui ne dormaient pas ou peu, dans les maquis et ailleurs, mais qui chevillés au corps vivaient avec l'espoir de la libération et la passion pour leur combat.
La troisième arme est la VOLONTE. La volonté de s'opposer au nazisme, de vaincre la bête immonde, de libérer de leur cœur habitait les forces françaises de l'intérieur et de l'extérieur. Vouloir c'est choisir, choisir la liberté et assurer ce choix jusqu'au bout, voilà ce qui rend immortel. Parce que ce choix, des témoins le propagent, le reprennent et l'assument à leur tour.
Nous avons le devoir de perpétuer le devoir de mémoire par hommage pour ceux qui sont morts, pour cela tout d'abord. Parce que nous espérons tous qu'un jour, nous vivrons dans une société où la guerre n'existera plus, où chaque homme vivra libre avec un travail et une vie décente.
Tout ceci c'est la VIE. Comprendre ce qu'est la vie, un combat permanent, c'est déjà lui donner un sens. Mener ce combat, c'est témoigner dans l'univers.
Combattants de l'ombre, déportés, nous vous disons aujourd'hui : votre lutte et votre sacrifice sont inscrits dans la postérité. Ils alimentent les pages du grand livre de la grandeur humaine. Nous voulons tous être dignes. Jour après jour, nous nous efforcerons de l'être à travers notre action.
Gilbert GOUVERNEUR
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