Archive: Témoignage sur la forêt de lente

Par Mr Jean REYNAUD (I), ancien Professeur agrégé au Lycée J.Perrin à Marseille
et membre du Cornité Economique et Social de la région P.A.C.A.
Habitant de Lente en 1944 avec ses parents (son père, facteur, a servi pendant près de deux ans les
maquis, d'abord clandestins puis officiels, sa mère a coupé et cousu au hasard des parachutages,
des dizaines de calots et de blousons pour la compagnie ROLLAND).


Après l'ordre de dispersion donné le 23juillet1944 par l'état major du Vercors, l'immense forêt de Lente devint le lieu de reflige et de passage des maquisards Certains, pour la plupart, épuisés et affamés vinrent partager notre repas dans une maison qu'ils savaient accueillante, celle du facteur et de la couturière des maquis.
Mon père, à la demande de MARSEILLE (Fabien REY), guida le bataillon des sénégalais pour leur faire sauter, à l'aide d'une corde, la falaise de PELANDRE rejoignant ainst un sentier normalement inaccessible. Deux habitants de VASSIEUX, Darnien FERMOND et sa soeur, miraculeusement échappés aux planeurs descendus sur JOSSAUD et qui avaient assisté, en grimpant sous les balles, vers le col de LACHAU, au sac du village, vinrent se réfligier chez nous après plusieurs jours passés dans les bois à se nouririr de fraises et de framboises Les récits des combats, des atrocités, les réactions entraînées par l'ordre de dispersion, la présence permanente du "mouchard" (2) qui inlassablement tournait au dessus de la forêt, lâchant ça et là une rafale rendaient particulièrement lourde l'attente des familles qui n avaient pu partir (7 enfants de un à douze ans dans notre foyer...). Le 27 juillet le général PFAUM donne l'ordre de ratissage du massif Les prenuers "boches" firent irruption daris la clairière de LENTE le 29 juillet. La colonne arriva le 30. Immédiatement le brigadier des eaux et forêts, les 3 gardes restés à leur poste et le facteur lurent pris en otages et enièrmés. Le 31 à 13h15 ils lurent informés que leurs maisons seraient détruites et qu'ils avaient trois quarts d'heure pour en retirer des meubles et objets de première nécessité. A 14h la caserne des eaux et forêts, toutes les niaisons, fermes, chalets flirent incendiés en même temps, pendant que la colonne s'ébranlait, emmenant en otages les cinq hommes pour aller continuer sur BOUVANTE, LEONCEL, LE CHAFFAL, OMBLEZE et ORIOL son oeuvre de destruction (3). C'est entre le 29 juillet et le 3 août que devaient mourir à LENTE des dizaines de personnes, maquisards ou civils habitants du pays ou " étrangers", hommes et femmes5 jeunes et vieux, tués en embuscade ou en combat, ou capturés puis torturés, blessés et achevés, ((jugés" et lusil lés, blessés et morts d'épuisement. Nombreux sont ceux qui n'ont jamais été retrouvés~ Des dizaines de maquisards qui avaient échappé aux allemands à LENTE firent capturés à SAINT-LAURENT, àSAINT-THOMAS, à SAINT-NAZAIPE, à HOSTUN... Jugés et flisillés à SAINT-NAZAIRE ils rejoignirent ainsi dans la mort une centaine d'habitants du ROYANS en ce bel été 1944(4).
Le 5 août la colonne retraversait la forêt de LENTE et relâchait ses cinq otages. C'est seulement bien plus tard que nous devions apprendre que ce 31juillet 1944 qui avait vu la destruction de LENTE avait vu, aussi, la disparition du Commandant de SMNT-FXUPERY et le suicide du Maréchal ROMMEL.


(1) Jean REYNAUD Fils avait douze ans on 1944, son Père Jean REYNAUD est pionnier du VERCCRS.
(2) Voir bulletin n0 6 page J4 ( Fiesier Storch décollant de CHAnFu1L)~
(3) Quinze maisons sur quinze, situées en foret de LENTE sur la commune de BOUVANTE, flirent incendiées.
(4) Un monument et plusieurs stèles témoignent du sacrifice des Maquisards et des civils ai forêt de LENTE ou en

ROYANS.

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